Mon beau cimetière

Publié le par Nicolas

Mon beau cimetière

Avant-hier, j'étais dans les Alpes-de-Haute-Provence et suis allé à Forcalquier pour visiter le Campo-Santo de la Cité des quatre reines : un endroit qui m'avait été conseillé par un site web proposant des voyages insolites, et grâce auquel je fais souvent des découvertes originales (quoiqu'un peu morbides, parfois). Le Campo-Santo est un endroit très agréable à découvrir : il se visite comme un parc paysager depuis qu’un jardinier anonyme a eu l’idée, voilà plus de cent ans, d’y planter des ifs et de les tailler en arcades, en réservant des ouvertures étroites sur les espaces dévolus aux tombes, créant ainsi une labyrinthite de verdure originale. Car il s’agit bien d’un cimetière, un des plus beaux d’Europe, classé monument historique en 1946. Les arbres offrent la plus grande concentration d'ifs de France, partagée en trois terrasses réparties autour d’une allée centrale. Si sa notoriété doit beaucoup à ce luxuriant décor végétal, le Campo-Santo attire aussi les visiteurs par les « célébrités » qui y reposent. La tombe des malheureuses victimes du crime de Lurs est la plus célèbre. Elle est toujours fleurie presque soixante ans après le drame qui coûta la vie à une famille de touristes anglais, les Drummont : Jack le père, Anne la mère et la petite Elisabeth, alors âgée de dix ans. On ne saura sans doute jamais ce qui s'est passé exactement cette nuit du 4 au 5 août 1952, devant la Grand Terre, la ferme du vieux Gaston Dominici. Le patriarche avoua et se rétracta jusqu’à sa condamnation à mort, en 1954. Gracié par le général de Gaulle, il s’est éteint à l’hôpital de Digne en 1965. La France s’est passionnée pour cette affaire sordide, sur fonds misérable de conflits familiaux, qui a inspiré le cinéma à plusieurs reprises, notamment en 1973, avec une inoubliable interprétation de Jean Gabin. Les Drummond reposent dans une concession à perpétuité offerte par la mairie de Forcalquier. Moins médiatique, la tombe du chirurgien Edmond Henry, célèbre surtout par son patient, Emmanuel Vitria, qu’il opéra du cœur en 1968 et qui lui survécut une quinzaine d’années, alors que lui-même succombait à une crise cardiaque. Repose aussi dans ce jardin remarquable l’enfant du pays, Alain Prieur, l’homme-oiseau, pionnier de la cascade, décédé à Tallard en 1991 lors d’une ultime tentative de passage d’un planeur à un autre sans parachute. La mort dans le Campo-Santo, au milieu de ces grands cloîtres de verdure, semble en tout cas plus douce qu’ailleurs. Je vous mets le lien vers la page du site où je l'ai trouvé. Et si vous aimez les voyages originaux, vous y trouverez de nombreuses autres idées. A découvrir : http://www.voyageinsolite.net

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